samedi 10 avril 2010

Lectures

J'ai lu... Enfin, j'ai pris le temps de lire et de relire !
Voici donc mes trois coups de coeur :

1er livre : Poils de Cairote, de Paul Fournel
Je l'avais déjà lu en France, mais ici, il a une toute autre saveur... Paul Fournel, envoyé comme attaché culturel français au Caire, décrit son quotidien dans des mails qu'il envoie à ses amis. Il porte un regard occidental et plein d'humour (parfois caustique) sur cette ville.
Extraits :
... qui révoltent :
"Un enfant s'approche de ma voiture et me demande un dollar... Il me donne un regard pathétique de circonstance et me tend une petite main sale. Un des quatre gendarmes qui règlent la circulation s'approche en catimini et lui assène un grand coup de son bâton blanc et rouge sur le crâne. Le gamin se croise les bras sur le crâne et détale en hurlant. Le gendarme rigole. Il retourne à son carrefour, m'adresse un grand clin d'oeil et un salut de bâton. Ensemble, luttons contre la pauvreté."
... qui (me) rassurent (y a pas que moi !) :
"La ville me donne des coups de pompe terribles. Je m'arrête parfois au milieu de la rue et je ferme les yeux (pas trop longtemps parce que sinon, je suis un homme mort). Ce que je vois, ce que j'entends, ce que je respire m'épuise. Je suis envahi. Les vertiges se combinent : la pollution qui serre le coeur, le vent de sable qui fait pleurer, le bruit, la foule, les odeurs, le soleil qui m'attrape aux épaules".
... qui font rire :
"Les Egyptiens sont gentils. Heureusement.(...) L'autre matin que j'étais, une fois de plus, égaré, j'avise deux gaillards sur le trottoir et leur demande mon chemin. Spontanément, ils m'indiquent deux directions diamétralement opposées. Je rigole et leur demande gentiment, de bien vouloir se mettre d'accord. Chacun, pour ne pas fâcher son voisin, change radicalement d'avis et me montre le chemin de l'autre. Je ris à nouveau et ils rient avec moi. Un troisième vient les départager. Il choisit formellement un des deux chemins et m'explique que l'autre est très bien aussi, mais qu'il ne va pas au même endroit. Dans mille ans, quand il y aura des panneaux indicateurs dans les rues de la ville, ils auront deux flèches".

2ème livre : Taxi, de Khaled Al Khamissi.
L'auteur est égyptien, né au Caire. Il y écrit 58 conversations avec des chauffeurs de taxi cairote.
Tableau fascinant, regard local, unique.
Extraits :
... l'éducation
"La question de l'enseignement et des cours particuliers est la priorité absolue des Egyptiens. Rien n'est aussi important, à part la course au pain quotidien.(...) Tel est le cycle de la vie, chaque Egyptien court derrière son pain quotidien, pour ensuite le donner aux professeurs particuliers... Les cours particuliers sont comme les marques : on peut en trouver à tous les prix, pour toutes les classes de la société.(...) Ce jour-là, le chauffeur a démarré au quart de tour :
- Moi, mes enfants vont me tuer. Mon fils Albert est en CM2. Franchement, il ne sait pas écrire son nom et, tous les ans, ils le font tricher et le font passer dans la classe supérieure. (...) C'est ça, monsieur, l'enseignement gratuit. C'est honteux. Aujourd'hui, si tu ne paies pas, tu n'as rien"
... la pollution
"J'étais devant l'école de mes enfants. La rue était encombrée. De nombreux bus publics me crachaient des tonnes de fumée au visage. Le niveau de pollution qui m'entourait était tel que j'étais sur le point d'étouffer et je me demander quel effet avait mon Caire chéri sur les poumons de mes enfants. Un taxi s'est approché (...) Le chauffeur était en train de fumer une cigarette et me crachait sa fumée au visage..."
... portraits pris sur le vif
"Mon Dieu ! Quel âge pouvait avoir ce chauffeur de taxi ? Et quel âge pouvait avoir sa voiture ? Je n'en croyais pas mes yeux quand je me suis assis à côté de lui. Il y avait autant de rides sur son visage que d'étoiles dans le ciel..."
"Les pyramides de Guizeh sont les uniques vestiges encore présents sur la terre parmi les Sept Merveilles du Monde. Symboles de la magnificence et de la perfection. Fouad, à la taille impressionnante et à la silhouette plus mince qu'une canne à sucre, est l'une des Sept Merveilles du monde des chauffeurs de taxi."
..: petite phrase à méditer
"Même la fourmi noire sur un rocher noir dans une nuit ténébreuse reçoit sa part de bonté divine"

3ème essai : "Presque à domicile" d'un auteur inconnu du grand public (mon mari !!!)
Né en Côte d'Ivoire, il a grandi en France et vit aujourd'hui au Caire avec sa sainte famille. Voici le premier texte "livraison à domicile" :
" Un homme gare son vélo contre une voiture au milieu de la rue. Il vérifie l'équilibre de son chargement avec ses deux mains. En effet, il transporte des piles de journaux qui défient la gravité. Puis l'homme enroule un journal, bien serré, et le ficelle avec un plastique. D'un pas très nonchalant, l'homme, la bonne cinquantaine, se déplace vers l'immeuble près de notre taxi. D'un mouvement expérimenté, sec et rapide, il balance un journal au premier étage, puis un autre sur le balcon du deuxième étage. Il revient vers son vélo, comme s'il était tout seul dans la rue, rajuste son paquet branlant, et part... Au suivant ! Il s'en va vers d'autres immeubles qui attendent leur nourriture du matin."

2 commentaires:

  1. J'adore la petite phrase à méditer !
    Quel plaisir de vous lire !
    à très bientôt
    Mélanie

    RépondreSupprimer
  2. J'adore la petite phrase à méditer.
    Quel plaisir de vous lire !
    à très bientôt
    Mélanie

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